Alors que j’étais toujours sur les bancs de la Formation Continue de l’Ecole du Paysage de Versailles, nous avons eu une folle envie deux de mes collègues et moi-même : déposer un dossier de projet au célébrissime/inatteignable/fantasmagorique Festival des Jardins de Chaumont-sur-Loire.
Graal pour les paysagistes reconnus ou en devenir, ce festival annuel propose 26 jardins éphémères sur une thématique imposée et sur une parcelle en forme de feuille de tulipier (dessinée par le paysagiste belge Jacques Wirtz). Le Festival des Jardins de Chaumont-sur-Loire c’est six mois d’exposition, une enveloppe de 12000 euros à l’époque pour faire le jardin, et un sacré filtre sur le concours d’entrée puisque les organisateurs reçoivent plus de 450 dossiers et que seulement 26 sont choisis.
Nous connaissions 20 fois plus de gens ayant été refusés que de paysagistes ayant été choisis.
Pourtant nous y sommes allées, la fleur au fusil. Très optimistes. Et avons commencé à plancher sur un projet de jardin à leur soumettre.
Le thème de 2007 était « Jouer au Jardin ».
Très inspirées par Alice au Pays de Merveilles, nous avons imaginé un jardin dans lequel on tombait, plus qu’on y entrait calmement. Cela s’est traduit par un immense toboggan double par lequel les visiteurs descendaient (à deux) pour arriver dans le jardin. Ensuite, nous avons voulu exploiter les faux-semblants et le rêve. Nous avons donc inclus des miroirs face à face qui reproduisaient l’image de l’atterrissage dans le jardin à l’infini. Puis nous avons rajouté des éléments surréalistes, comme un oiseau du paradis en cage, des mosaïques incrustées dans les troncs d’arbre, des tabourets de ciel et des cascades végétales.
Le tout présenté dans un dossier sous forme de livre pour enfants, avec pop-up fait maison.
Autant vous dire qu’on a été retenues !
Le jardin a été réalisé (son titre « Did you say Pig or Fig » est une réplique du Chat de Chester), et nous avons appris mille choses cette année-là. Magnifique expérience, de conception, de mise en œuvre et de gain de confiance. La créativité libérée pour le festival de Chaumont-sur-Loire ne m’a plus jamais quittée !